Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix







Retour � la page pr�c�dente�
20�me Anniversaire du CIFEDHOP
S�minaire international
sur la formation des enseignants et des formateurs
� l��ducation aux droits de l�homme et � la paix
I. PRESENTATION
Le Centre international de formation � l'enseignement des droits de l'homme et de la paix (CIFEDHOP) est une fondation cr��e en 1984 par l'Association mondiale pour l�Ecole instrument de paix (EIP), organisation internationale non gouvernementale dot�e du statut consultatif aupr�s du Conseil �conomique et social des Nations Unies (ECOSOC), de l�UNESCO, de l'Organisation internationale du Travail (OIT), de la Commission africaine des droits de l�homme et des peuples et du Conseil de l'Europe. Le Pr�sident du CIFEDHOP est M. Guy-Olivier SEGOND, ancien Conseiller d��tat de la R�publique et Canton de Gen�ve.
Cette ann�e, � titre exceptionnel et pour comm�morer ses 20 ans d�activit�s, le CIFEDHOP a organis� un s�minaire international en vue de dresser un bilan des progr�s accomplis depuis la 1er session internationale, d�analyser des exp�riences, des m�thodologies, des approches p�dagogiques, des moyens de mise en �uvre et d��valuation d�velopp�s par des anciens participants aux sessions pr�c�dentes du CIFEDHOP.
Les objectifs principaux du s�minaire international visaient � prendre la mesure de probl�matiques qui ont une incidence sur l��ducation aux droits de l�homme, et � r�fl�chir sur les m�thodologies et les activit�s de terrain en vue de :
- lancer un nouveau cycle de formations pour les prochaines ann�es ;
- publier du mat�riel p�dagogique pour aider les enseignants � d�velopper l��ducation aux droits de l�homme et � la paix ;
- renforcer le r�seau d��changes entre enseignants des droits de l�homme et ONG.
Un portrait descriptif des 19 ann�es de formation internationales, r�gionales et nationales du CIFEDHOP a �t� pr�sent� par Olivier Veyrat. Ce fut l�occasion de rappeler aux Nations Unies et aux autorit�s suisses que c�est � Gen�ve, � la Facult� de psychologie et des sciences de l��ducation (FAPSE), � l�initiative du fondateur de l�EIP, Jacques M�hlethaler, que commenc�rent, en 1976, les premiers travaux de recherche relatifs � l��ducation aux droits de l�homme. Ces premiers travaux ont port� sur la traduction, dans un vocabulaire fondamental, de la D�claration universelle des droits de l�homme (DUDH) sous la responsabilit� du Professeur Leonardo Massarenti et de l�un de ses assistants, Olivier Veyrat. Ce travail a �t� traduit dans une vingtaine de langues, diffus� dans le monde et publi� par les Nations Unies. Il a �t� le point de d�part des activit�s p�dagogiques de l�EIP en mati�re de diffusion du droit international des droits de l�homme aupr�s de la soci�t� civile et de la cr�ation du CIFEDHOP.
Une synth�se des fiches de pr�sentation des activit�s des participants a �t� pr�sent�e par Jean HENAIRE, Directeur des publications du CIFEDHOP, notamment de la collection Th�matique dont les num�ros sont publi�s � la suite des sessions internationales et r�gionales, publications tr�s appr�ci�es dans le monde de l��ducation et dans les organisations intergouvernementales, telles que l�ONU, l�UNESCO, le Conseil de l�Europe et la Commission africaine des droits de l�homme et des peuples. Ces publications assurent une visibilit� de notre travail et un rayonnement international.

- une analyse juridique et socio-�ducative de la probl�matique des droits de l�homme et du droit � l��ducation ;
- une analyse de la violence scolaire et de la construction de la r�gle � l��cole ;
- la pr�sentation de diff�rentes interventions p�dagogiques favorisant l��ducation aux droits de l�homme ;
- la pr�sentation et l�appr�ciation d�exp�riences de terrain des participants.
III. PROGRAMMES
Les deux programmes - francophone et anglophone - ont comport� 38 heures de cours incluant des tables rondes pr�sent�es toutes les matin�es avec interpr�tation simultan�e en fran�ais et en anglais et des ateliers intersection linguistiques les apr�s-midi.
Le s�minaire a �t� inaugur� au Palais Wilson le lundi matin 8 juillet par M. Guy-Olivier Segond, Pr�sident du CIFEDHOP, Mme Martine Brunschwig Graf, Cheffe du D�partement de l�Instruction publique de la R�publique et canton de Gen�ve; Mme Elena Ippoliti, Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme, ONU, Gen�ve et Mme Monique Prindezis, Directrice du CIFEDHOP.
.

IV. THEMES ET PROBL�MATIQUES D�ENSEMBLE
4.1. D�bat inaugural : les d�fis actuels de l��ducation : quelles cons�quences pour l��ducation aux droits de l�homme ? Sous la pr�sidence de M. Jean H�naire, Directeur des publications du CIFEDHOP, avec M. Pape Diouf, Institut universitaire du d�veloppement, Gen�ve, M. Fran�ois Audigier, Facult� de psychologie et des sciences de l��ducation, Gen�ve, et Mme Christina Sganga, consultante en droits de l�homme, Amsterdam.
Principaux points de discussion lors de ce d�bat :
- Le droit � l��ducation
Les grands d�fis actuels de l��ducation et leurs cons�quences sur l��ducation aux droits de l�homme concernent tous les pays. Au nombre des enjeux en cause, notons principalement la probl�matique de l�acc�s � l��ducation. Pour atteindre l�objectif du forum de Dakar 2000, il faudra scolariser une population de plus de 500 millions d�enfants, surtout en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Devant cette urgence d'atteindre les objectifs de l'�ducation pour tous (EPT), on observe, selon l�ONU, une diminution des contributions des bailleurs de fonds. De plus, les tragiques �v�nements r�cents en rapport avec le terrorisme mondial suscitent de nouvelles inqui�tudes quant � l'impact des pr�occupations de s�curit� sur le financement des secteurs sociaux en g�n�ral et de l'�ducation en particulier.
- La commercialisation de l��ducation
La tendance observ�e � vouloir faire entrer l��ducation dans le jeu de la concurrence commerciale � l��chelle mondiale laisse pr�sager l��mergence de l��cole marchande. Les services sont le secteur en plus forte croissance dans l��conomie mondiale, plus particuli�rement celui de la sant� qui, aujourd�hui, repr�sente 3.500 milliards de dollars de d�pense mondiale annuelle, et celui de l��ducation qui en repr�sente 2.000 milliards. Sign� en avril 2002, l�Accord g�n�ral du commerce des services (AGCS) inclut alors les services d��ducation dans la liste des secteurs de services � lib�raliser. Selon Mme Tomasevski, rapporteuse sp�ciale de l�ONU sur le droit � l��ducation, la tendance � consid�rer l��ducation en tant que moyen de constituer un capital humain et la perspective que l��ducation puisse s�acheter et se vendre comme un service montre qu�il est indispensable de r�affirmer que l��ducation est un droit de l�homme et un service public gratuit.
- De l�acc�s � l��ducation � la qualit� de la formation
Selon OXFAM, lorsque les investissements publics s'effondrent, la qualit� de l'�ducation se d�t�riore, et les frais de scolarit� sont assum�s par les foyers. Les d�penses par foyer atteignent aujourd'hui plus des deux tiers des d�penses totales pour l'�ducation dans des pays comme le Mali et la Tanzanie. Du fait de ce processus de privatisation de facto, l'�ducation n'est plus � la port�e des plus pauvres et les filles sont les premi�res � souffrir de ces restrictions financi�res. Dans les pays d�velopp�s, il conviendrait surtout de mieux exploiter la p�riode de scolarisation obligatoire. Et Philippe Meirieu de s�exprimer ainsi � ce sujet: "Que doit-il [l��l�ve] avoir rencontr� comme exp�riences sociales au cours de ses seize premi�res ann�es ? Quels savoirs sont-ils absolument indispensables pour qu'il puisse affronter et comprendre un monde de plus en plus complexe et abstrait ? Tant que nous n'aurons pas tranch� sur ces questions et tant que nous n'aurons pas retrouv� une grande ambition pour la scolarit� obligatoire la question du coll�ge ne pourra pas vraiment �tre trait�e. "
- La violence scolaire
Le ph�nom�ne de la violence scolaire touche tous les pays sans distinction. L��tablissement scolaire doit s�adapter aux r�gles du droit et mettre en place des dispositifs favorisant la participation d�mocratique de tous ses usagers. L��cole doit s�ouvrir aux r�alit�s contemporaines, elle doit faire preuve d�ouverture d�esprit et faire appliquer le droit � l��gard de tous ceux qui, sans distinction, la fr�quentent. Mais la violence scolaire s�exprime aussi par l�intol�rance � l��gard de l�Autre et dont le racisme en constitue une des expressions les plus redoutables.
- Des rep�res � r�affirmer
D�abord, �cole publique et d�mocratie vont de pair. L��cole dessert une communaut� d�apprenants, de citoyens en formation et non des clients. Il faut aussi garantir l�obligation de moyens afin d�assurer la r�alisation pleine et enti�re du droit � l��ducation. Dans cette perspective, il convient d�affirmer la solidarit� des droits. Dans un contexte de r�formes �ducatives, il est par ailleurs de toute premi�re importance de souligner la n�cessit� d�une formation juridique des �ducateurs, mais aussi des �l�ves. Ces savoirs acquis doivent �tre mis en relation avec l�exp�rience et les valeurs d�mocratiques � privil�gier. La banalisation de l�intol�rance traduit l�abdication de ses responsabilit�s.
4.2 Tables Rondes
4.2.1 Le droit � l��ducation. Sous la pr�sidence de M. Jean H�naire avec M. Paulo David, Haut commissariat aux droits de l�homme, Gen�ve, Mme Alice Ouedraogo, IPEC, OIT, Gen�ve, et M. Andres Guerrero, Unicef, New York.
Les expos�s propos�s ont permis de d�gager les points suivants :
- les principes g�n�raux du droit � l��ducation : la non-discrimination ; l�int�r�t sup�rieur de l�enfant ; la s�curit� de l�enfant et la prise en compte de ses opinions ; la participation de l�enfant � la prise de d�cision ; l��cole doit �tre un lieu de paix ; le respect des minorit�s autochtones et le droit � l��ducation des enfants incarc�r�s ; la mise en �uvre progressive du droit � l��ducation doit respecter l�exigence absolue de l�enseignement primaire gratuit pour tous. Par ailleurs, on note un manque de clart� au sujet de la d�finition de cet enseignement et une absence de norme universelle fixant l��ge d�entr�e � l��cole obligatoire.
- La r�alisation du droit � l��ducation constitue le moyen par excellence de lutte contre l�exploitation des quelque 211 millions d�enfants contraints au travail, situation qui compromet leur sant� et leur d�veloppement. M�me dans les pays riches, pr�s de 2,5 millions d'enfants - auxquels il faut ajouter 11,5 millions d'adolescents entre 15 et 17 ans - travaillent dans des conditions dangereuses, dans l'agriculture, le b�timent, l�industrie du textile et de la chaussure. C'est dans ce contexte peu enviable que l'OIT a pris l'initiative, le 12 juin 2002, � Gen�ve, d'une " premi�re journ�e mondiale contre le travail des enfants. Pour sensibiliser le monde de l��ducation � cette r�alit�, il conviendrait d�introduire la question du travail des enfants dans le programme d�activit�s �ducatives de l��tablissement d�enseignement.
- L�accessibilit�, la qualit� et la r�ussite scolaire sont trois objectifs �ducatifs �troitement li�s. Pour que ceux-ci soient atteints, la volont� politique des �tats est indispensable. Des indicateurs de base (taux de scolarisation, taux de r�tention et de r�ussite scolaire,�) permettent de suivre l��volution du droit � l��ducation, mais ils doivent �tre enrichis de donn�es sur la qualit� de l��ducation et sur l��cole en tant que lieu de droit.
4.2.2 �duquer au contenu du droit. Sous la pr�sidence de M. Yves Lador, Consultant aupr�s du CIFEDHOP, avec M. Doudou Diene, ancien directeur du dialogue interculturel, Unesco, Paris, M. Antoine Madelin, FIDH, Gen�ve, Mme Sims, OIT, Gen�ve, et M. Christophe Golay, assistant du Rapporteur sp�cial sur le droit � l�alimentation, Universit� de Gen�ve.
Les expos�s propos�s ont permis de d�gager les principaux points suivants :
- la probl�matique de l�immigration est l�une des donn�es lourdes de nos soci�t�s contemporaines. Il en est de m�me pour les conflits de nature religieuse et les risques accrus de discrimination que fait peser la mondialisation. Ces ph�nom�nes ne sont pas sans rappeler que nos soci�t�s souffrent d�un d�ficit �thique et que celui-ci a des racines qui nous invitent � l�inscrire dans le proc�s de l�histoire. Cette d�marche para�t essentielle pour �viter de r�p�ter les erreurs du pass�, notamment au plan des pratiques discriminatoires en mati�re de contenus de l�enseignement peu soucieuses du respect de la diversit�.
- Le droit � la libert� et � la s�ret� - ou s�curit� - de la personne figure � l�article 3 de la DUDH. Mais qu�est-ce que cela signifie ? Essentiellement, il s�agit du droit � l�int�grit� physique contre laquelle il est pr�vu, dans les instruments internationaux, de ne pas porter atteinte. Les mauvaises conditions de d�tention, les actes de torture, l�esclavage et les disparitions forc�es sont au nombre des pratiques discriminatoires qui portent pr�cis�ment atteinte � ce droit inali�nable ; � cet �gard, les �tats ont l�obligation de prot�ger tout individu contre de tels abus. Ces derniers sont punissables et toute personne qui en est victime a droit � la r�paration. Il s�agit l� d�un combat � mener pour le respect des droits dans le cadre des r�gles �tablies du droit.
- Le droit au travail est consacr� par le droit international des droits de l�homme. Cependant, son application, � l�instar d�autres droits de l�homme, demeure � ce jour probl�matique. Les objectifs poursuivis par les organisations de travailleurs, le patronat et l��tat peuvent facilement entrer en conflit et emp�cher, pour diverses raisons qui tiennent d�int�r�ts oppos�s, l�application effective du droit au travail. Dans un contexte mondial de n�o-lib�ralisation de l��conomie, l�avenir du droit au travail risque d��tre compromis plus que jamais m�me s�il appartient toujours aux �tats d�en faire la promotion et de viser � en assurer l�application effective.
- Le droit � l�alimentation, consacr� � l�article 25 de la DUDH et � l�article 11.1 du Pacte international relatif aux droits �conomiques, sociaux et culturels, renvoie � la notion de niveau de vie suffisant pour toute personne et sa famille, ce qui implique, outre l�alimentation comme telle, le v�tement et un logement suffisants. La coop�ration internationale est un �l�ment cl� de la mise en �uvre de ce droit. Toujours est-il qu�actuellement, on estime � 815 millions le nombre d��tre humains chroniquement et gravement sous-aliment�s. Et que chaque ann�e, 36 millions de personnes meurent de la faim ou de carence nutritionnelle. Toutes les sept secondes, un enfant meurt dans le monde de la faim ou de ses effets. Le mal-d�veloppement, qui d�truit les ressources productives, et les conflits arm�s sont � elles deux les sources les plus graves des probl�mes de la faim.
4.2.3 L��ducation face � la violence. Sous la pr�sidence de Mme Monique Prindezis avec M. Robert Cadotte, Commission scolaire de Montr�al, Mme Minouche Alavo, Unicef, Dakar, Mme Antonella Verdiani, Unesco, Paris et Mme Pamela Baxter, HCR, Gen�ve.
Les expos�s propos�s ont permis de d�gager les principaux points suivants :
- depuis une quinzaine d�ann�es, la violence est en progression quasi constante chez les jeunes Qu�b�cois. Les enseignants sont pr�occup�s par cette violence montante. Il n�y a qu�une seule institution capable de contrer l�incitation � la violence que l�on retrouve � la t�l�vision et dans la culture �tats-unienne, c�est l��cole. Sans mobilisation de la majorit� des enseignants, "la bataille" est pratiquement perdue. Il faut mobiliser l�ensemble du personnel pour qu�il intervienne aupr�s des jeunes et des parents. On doit �galement permettre aux employ�s de comprendre les grandes causes de la violence. Enfin, il faut susciter la cr�ativit� p�dagogique chez les enseignants et les autres employ�s, cela en leur fournissant le soutien n�cessaire � leurs exp�riences.
- L�excision demeure l�une des pratiques les plus r�pandues en Afrique. L�ONG am�ricano-s�n�galaise Tostan, b�n�ficiant de l�appui de l�Unicef, utilise une approche int�gr�e en abordant plusieurs aspects relatifs � la situation des femmes et en tentant de les mobiliser pour les inciter � faire une d�claration publique d�abandon de la pratique de l�excision. Par exemple, en juillet 1997, une trentaine de femmes, bravant les interdits de la tradition, se sont engag�es solennellement et publiquement � abandonner la pratique de l'excision. Connu sous le nom de Serment de Malicounda, du nom de leur village situ� dans la r�gion de Thi�s, � une heure de route de Dakar, cet acte fondateur marquait le d�but d'une action qui n'a pas cess�, depuis lors, de se d�velopper malgr� les r�sistances, politiques, religieuses et sociales. La principale strat�gie de Tostan s�articule autour de trois points : �ducation de base, d�bats publics et d�clarations publiques .
- L�Unesco vient de publier un recueil de bonnes pratiques sur la r�solution non-violente des conflits en milieu scolaire. Cette initiative est l�une des actions men�es en mati�re d��ducation � la non-violence par la Division de la promotion de la qualit� de l��ducation, et plus particuli�rement par la Section d��ducation aux valeurs universelles de l�Unesco. L�Organisation souhaite, durant ce nouveau mill�naire, pouvoir aller au-del� de ce que les p�res fondateurs, pourtant visionnaires, entendaient par l�expression " d�fenses de la paix ". Il nous semble, poursuit l�Unesco, que dans la situation mondiale actuelle, il ne s�agit plus de b�tir un syst�me de d�fenses, soit-il symbolique, dans l�esprit des individus. Il ne s�agit pas d�apprendre � nous d�fendre, mais plut�t d�op�rer un changement bien plus radical : changer notre vision du monde, notre fa�on d��duquer, de communiquer et de vivre ensemble.
- Bien que les r�fugi�s soient souvent victimes d�intol�rance ethnique, religieuse ou politique, ils v�hiculent n�anmoins avec eux, en exil, leurs propres pr�jug�s. Ces comportements sont sources de tensions exacerb�es � l�int�rieur des camps de r�fugi�s. Pour lutter contre cet �tat de fait, le HCR a r�cemment lanc� un projet d��ducation � la paix � l�attention des �coles dans les camps de r�fugi�s ainsi que dans les communaut�s villageoises africaines particuli�rement sensibles. L��ducation � la paix doit ici �tre entendue comme un processus visant au d�veloppement de savoirs, de valeurs, d�attitudes et d�habilet�s favorisant des comportements pacifiques et incitant � la pr�vention des conflits.
4.2.4 Le droit dans l��ducation. Sous la pr�sidence de M. Yves Lador avec M. Bernard Defrance, lyc�e Maurice-Utrillo, France, Mme V�ronique Truchot, Universit� du Qu�bec � Montr�al et M. Joshua Cooper, Institut Matsunnaye pour la paix, Hawa�.
Les expos�s propos�s ont permis de d�gager les principaux points suivants :
- une r�flexion sur la construction de la r�gle et quelques principes de droit � appliquer � l��cole ont �t� pr�sent�s : 1) la loi est la m�me pour tous ; 2) toute infraction m�rite punition et r�paration ; 3) la loi oblige � distinguer dans l��chelle de gravit� des punitions selon que l�auteur de l�infraction est majeur ou mineur ; 4) nul n�est cens� ignorer la loi, quoique seulement � partir de la majorit� civique ; 5) nul ne peut se faire justice � lui-m�me ; 6) nul ne peut �tre mis en cause pour un comportement qui ne porte tort qu�� lui-m�me ; 7) nul ne peut �tre juge et partie ; ) le citoyen ob�it � la loi parce qu�il la fait avec les autres citoyens ; 9) l�interdit de la violence ne se discute pas d�mocratiquement puisqu�il permet la discussion d�mocratique ; 10) l�usage de la force n�est l�gitime que dans deux cas : l�urgence, c�est-�-dire la l�gitime d�fense ou l�assistance � personne en danger, et apr�s �puisement de toutes les voies de recours pour r�tablir le droit.
- Le fait de s�int�resser aux repr�sentations des �l�ves renvoie � des fondements th�oriques qui reposent sur une posture �pist�mologique, c�est-�-dire � une certaine conception du monde, de la science et de l��ducation. Les conceptions influent in�vitablement sur la mani�re d�envisager les contenus disciplinaires � transmettre. Plusieurs auteurs se sont int�ress�s aux repr�sentations de la justice chez les jeunes (Percheron, Dubet, Jakubowska). Il ressort de ces travaux que le sentiment d'injustice chez les �l�ves (mais pas seulement) g�n�rerait de la violence en r�action. Ce sentiment est souvent associ� � la sanction et � la fa�on dont elle est appliqu�e. Les r�gles �voquent chez les �l�ves une absence de droit. Ils consid�rent que plusieurs principes du droit qui leur sont prescrits ne sont pas respect�s par les personnes qui les enseignent. Ce faisant, ils ne pr�tent aucune l�gitimit� � ces principes. Et, par voie de cons�quence, ils ne les respectent pas. Il convient de prendre en compte ces repr�sentations pour �duquer aux droits de l�homme, � la paix et � la citoyennet� d�mocratique.
- L��ducation � la paix et aux droits de l�homme doit s�inspirer de la connaissance du terrain. Il convient, � cet �gard, de d�velopper des contenus et des approches permettant l�affirmation des personnes et des groupes. Cela est av�r�, entre autres, au sein de populations am�rindiennes dont les revendications sont le r�sultat d�une prise de conscience de leur situation. Des m�thodes actives de conscientisation et de revendication non-violente doivent �tre privil�gi�es.
4.2.5 D�marches p�dagogiques pour �duquer aux droits de l�homme. Sous la pr�sidence de M. Michel Bastien, Inspecteur de l��ducation, Communaut� fran�aise de Belgique, avec M. Raimundo Dinello, Universit� de Patagonie, Argentine, M. R�gis Alviset, Ecole Les voyageurs, France, et MM. Andres Guerrero et Joshua Cooper.
Les expos�s propos�s ont permis de d�gager les principaux points suivants :
- la longue p�riode de modernit� nous a habitu�s � l�engrenage de la rivalit� ; pouvons-nous maintenant envisager une post-modernit� o� la production ne soit pas seulement le r�flexe de la performance encha�n�e, mais o� la paix serait un objectif � notre port�e ? En raison de la nature m�me de l��tre humain, le fait de partager des activit�s ludiques et d�expression cr�atrice favorise des sentiments de convivialit� ; la permanente interaction est un pilier de la reconnaissance d�autrui pour l�avancement de chacun ; le fait que chacun puisse apprendre est un fondement pour envisager un dialogue de paix.
- La scolarisation des enfants Roms soul�ve trois questions de fond : comment prendre le temps pour que les enfants tsiganes, � la scolarit� souvent discontinue, s'adaptent au rythme d'une �cole structur�e par classes d'�ge ? Comment int�grer des enfants pour qui les apprentissages font partie d'acquis culturels oraux dans une �cole o� l'�crit est omnipr�sent ? Comment faire comprendre aux enfants tsiganes qu'ils ont leur place dans la soci�t�, donc dans l'�cole, sans pour autant perdre leur identit� et leur culture ?
- Le financement d�activit�s d�organisations internationales � gouvernementales ou non gouvernementales � est souvent soutenu par des strat�gies publicitaires. Or, certaines de celles-ci sont "questionnables" dans la mesure o� elles misent sur le spectaculaire ou sont le produit de partenariats contestables. Dans ce contexte, l�adoption de codes d��thique s�impose. Par ailleurs, l��cole n��chappe pas � l�influence exerc�e par le monde de l�image sur les repr�sentations de ses usagers, y compris les parents, ce qui entra�ne souvent la construction de st�r�otypes. La d�construction de ces derniers doit faire partie int�grante de la formation de la pens�e critique par l��ducation.
4.3 Ateliers
L�objectif g�n�ral des ateliers visait � des �changes approfondis en mati�re de p�dagogie dans la mouvance des expos�s en tables rondes propos�es lors des matin�es. Ce dispositif a permis aux participants-p�dagogues d��valuer comment ce qui a �t� propos� par l�un d�entre eux �tait adaptable � la situation v�cue par les autres, ailleurs dans le monde. Il a permis �galement, par des pr�sentations descriptives d�exp�riences p�dagogiques, d�enrichir sa connaissance de travaux conduits ailleurs et d�initier des contacts qui sont souvent appel�s � se poursuivre pendant l�ann�e, gr�ce notamment � la messagerie �lectronique.
Les situations �voqu�es cette ann�e en ateliers ont principalement port� sur les sujets suivants :
- une introduction � la connaissance du droit international des droits de l�homme � l�aide d�exercices pratiques d�appropriation en vue d��valuer la compr�hension et la prise en compte de la dimension juridique des droits de l�homme dans les interventions �ducatives des participants ;
- les actions entreprises dans des camps de r�fugi�s en Tha�lande et en Afrique en mati�re d��ducation � la r�solution non-violente des conflits et � la lutte contre la discrimination faite aux femmes et aux enfants ;
- les initiatives prises par des �ducateurs afin de faciliter l�acc�s � l��ducation aux enfants tsiganes en France et en Europe de l�Est par la cr�ation, dans le premier cas, d�une �cole sise � proximit� de campements roms et, dans le second cas, par la sensibilisation des enseignants aux r�alit�s culturelles, sociales et �conomiques du peuple tsigane ;
- la r�alisation du droit � l��ducation en R�publique d�mocratique du Congo dans des zones ravag�es par la guerre et la r�alisation d�exercices p�dagogiques favorisant la r�solution pacifique des conflits ;
- le recours � des strat�gies et � des techniques d��ducation � la non-violence dans la poursuite d�activit�s de conscientisation relatives aux injustices commises � l��gard des populations aborig�nes dans l��tat d�Hawa� ;
- le d�veloppement de pratiques p�dagogiques inspir�es de valeurs misant sur le respect du d�veloppement de l�enfant par le biais d�une critique du "productivisme didactique" confort� par des approches �valuatives se limitant uniquement � sanctionner l��chec et non � encourager la r�ussite de tous ;
- la formation des militaires au Burkina Faso et leur conscientisation � la probl�matique des enfants-soldats;
- l��laboration de la r�gle � l��cole et d�un code d��thique dans un �tablissement d�enseignement secondaire, � Gen�ve ;
- la mise en �uvre d�un plan d�intervention en vue de contrer la violence scolaire, dans une commission scolaire, � Montr�al.
L��ducation interculturelle invite au d�passement de soi et permet de d�couvrir la diff�rence sans pour autant percevoir celle-ci comme une menace. Plusieurs pratiques p�dagogiques dans ce sens ont �t� propos�es aux participants lors de cette Session internationale de mani�re � en favoriser l�appropriation et l�adaptation selon les contextes divers dans lesquels elles peuvent s�appliquer.
.

� CIFEDHOP 2007