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Femme et d�mocratie
par Mariama Bayard Gamati�
L'auteure soutient que le fait de se pencher sur le r�le des femmes dans la soci�t� africaine conduit n�cessairement � poser le probl�me de l'int�gration et de la participation de celles-ci � la d�mocratisation et au d�veloppement en Afrique. |
Les atteintes aux droits de la femme
Il est admis quasi unanimement aujourd'hui qu'on ne saurait promouvoir le d�veloppement d'un pays sans la participation de la femme � celui-ci. En outre, du fait qu'elles jouent un r�le important dans la famille, la culture et la socialisation, les femmes constituent un pilier important du d�collage �conomique de nos �tats africains. Pourtant, les femmes sont souvent amen�es � faire face au ph�nom�ne de la pauvret� et aux multiples violations de leurs droits.
De fa�on g�n�rale, tous les pays poss�dent des l�gislations relatives � la plupart des droits constitutionnellement reconnus et proclam�s. Il devrait en r�sulter que les droits de la femme sont les m�mes que ceux de l'homme. En fait, la plupart des l�gislations nationales pr�sentent un large d�ficit en ce qui concerne le droit de la femme .
Si l'on consid�re la soci�t� traditionnelle africaine, il n'est pas encore �vident que certaines mentalit�s acceptent l'id�e de l'�galit� en droits de l'homme et de la femme. Par exemple, en mati�re du droit de vote de la femme, il arrive que celui-ci soit remis en cause par certains chefs de tribu pour des consid�rations qui tiennent de la coutume ou de la religion. En mati�re �lectorale, il ne devrait exister aucune entrave au droit de vote ou � l'occupation d'une fonction publique; l'�ge, le lieu de r�sidence et la citoyennet� sont les seuls conditions l�gales d'�ligibilit� pour pouvoir voter ou exercer une fonction publique.
Dans un autre registre, soulignons que les fillettes sont victimes de mutilations sexuelles sans que les l�gislations p�nales n'�voluent v�ritablement vers une r�pression de ce type de pratique mutilante. Cette situation d�plorable pr�vaut dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger. On peut aussi soulever le probl�me du mariage forc� ou pr�coce, qui continue d'�tre pratiqu� dans plusieurs r�gions du continent. Mentionnons �galement la polygamie, m�me si dans certains pays, (au S�n�gal, par exemple) des m�canismes sont mis en place pour favoriser une �volution �en douceur� vers la monogamie. La r�pudiation m�riterait aussi d'�tre �voqu�e. Ces cas sont illustratifs de la situation discriminatoire que subit la femme africaine.
Femmes et d�veloppement
En Afrique, le processus de la d�mocratisation en cours est victime de l'�tat de pauvret� des populations et des pays. C'est pourquoi le potentiel �conomique que constituent les femmes doit �tre mis � profit pour lutter contre la crise actuelle. Pour cette raison, nos gouvernements doivent prendre des dispositions utiles au nombre desquelles il convient de mentionner: i) la r�partition �quitable des revenus; ii) l'�quit� pour tous les citoyens et les citoyennes et ce, dans tous les domaines de l'activit� humaine, notamment en sant�, en �ducation et en formation; iii) la lutte contre la pauvret� en vue de r�duire la morbidit� et la mortalit� maternelles et infantiles; iiii) l'�volution des droits en mati�re de procr�ation et la planification familiales.
En fait, les �tats doivent mener une politique de d�veloppement qui implique que les femmes ne soient plus l'objet des pratiques et des moeurs discriminatoires, notamment en mati�re d'�ducation, d'acc�s � des emplois bien r�mun�r�s et de responsabilit�s politiques. Bref, cela suppose la reconnaissance effective des droits de la femme. Sa contribution est n�cessaire dans tous les domaines de la construction de la cit�. Les instances de d�cision -la haute fonctions publique,entre autres- doivent s'ouvrir aux femmes � ce jour sous-repr�sent�es un peu partout.
Pour une contribution de la femme africaine � la consolidation des acquis d�mocratiques
Le regroupement des femmes peut �tre vu comme un moyen de lutte pour l'application �galitaire des droits. Pour d�fendre leurs droits, les femmes adoptent une strat�gie en se regroupant au sein d'associations. C'est ainsi que le cadre associatif f�minin a connu depuis un certain temps une diversification en Afrique. Les ONG, par d�finition, sont des structures d�mocratiques; elles sont des �manations de personnes qui s'unissent pour oeuvrer � l'atteinte d'un objectif commun. Mais ces groupes, malheureusement, sont tenus souvent loin des centres de d�cisions gouvernementales.
a) Les associations
Les associations g�n�rales ont pour objet de regrouper toutes les femmes, nonobstant leurs croyances religieuses, leurs conditions sociales et professionnelles et leurs orientations politiques, notamment. Ces associations visent l'�mancipation de la femme, notammant au plan de leurs relations avec l'�tat. C'est le cas, par exemple, de l'Association nig�rienne des droits de l'homme et du Rassemblement d�mocratique des femmes du Niger.
Les associations sp�cialis�es peuvent regrouper des femmes en fonction de leurs occupations professionnelles ou selon un objet sp�cifique (AFJN, ASFN.), comme la d�fense des droits de leurs membres ou des femmes en g�n�ral. Pour ce faire, des techniques de mobilisation sont utilis�es en vue d'atteindre les objectifs fix�s.
b) La participation au pouvoir politique
L'Assembl�e des �lus est l'une des institutions de base de la d�mocratie. Les femmes doivent, en tant que citoyennes, lutter pour utiliser leur pouvoir tir� du vote afin d'occuper des fonctions publiques. Leur pr�sence dans les hautes instances politiques est un gage de garantie pour le respect des principes fondamentaux de l'�galit� en droits �nonc�s dans les constitutions.
D'autre part, les femmes, en tant que citoyennes � part enti�re,- donc d�tentrices �galement de la souverainet� dans l'Etat-, ont le droit de concourir personnellement � la formation des pouvoirs publiques. Pour cela, elles doivent adh�rer et militer dans les partis politiques d�mocratiques.
Enfin, un des �l�ments de la d�mocratie est la constitution. C'est la pierre angulaire de la garantie des droits des citoyens. Toute personne peut l'invoquer pour limiter de mani�re efficace le pouvoir, surtout lorsque ce dernier prend des d�cisions liberticides. Les femmes doivent apprendre � s'en servir en toutes circonstances.
C'est par le biais de leur implication active que les femmes peuvent contribuer � la consolidation de la d�mocratie et partant, � l'�panouissement de leur condition.
� CIFEDHOP 2008