Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix


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Vues d'Afrique n° 1

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La tolérance, la résolution non violente des conflits et l'éducation interculturelle.

Repères pour une réflexion et des échanges en atelier pédagogique.

par Antoine S. Padonou, ÉIP-Bénin


L'interculturalité comme réalité quotidienne

Dans un monde oÿ les techniques modernes de communications donnent à la réalité quotidienne la dimension d'un «village», nous passons rapidement d'une réalité culturelle à une autre. Nous vivons, de fait, l'interculturalité au quotidien.

Les différences culturelles sont par ailleurs souvent perçues comme des signes d'opposition, sinon d'exclusion. Mais la diversité culturelle est un fait «de nature», comme il en est de la diversité physique, pour faire image.

L'histoire humaine montre pourtant que certains hommes ont souvent imposé par la force leur culture avec comme objectif avoué d'éradiquer la spécificité culturelle des autres. Ce serait nier la réalité que d'affirmer que les humains ont appris dans tous les cas de figures à se tolérer, à gérer de façon pacifique les contradictions émanant des relations entre personnes ou entre groupes de cultures différentes. Pour y parvenir, il faut consentir à un ordre commun de valeurs.

On peut dire que le droit international des droits de l'homme constitue aujourd'hui un cadre normatif permettant le partage de valeurs universelles. Les rapports humains qui peuvent en découler incitent à la culture de la tolérance interculturelle.

Quelques repères juridiques relatifs à la tolérance interculturelle

L'article 28 de la Charte africaine des droits de l'homme et des Peuples stipule que "chaque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans discrimination aucune, et d'entretenir avec eux les relations qui permettent de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le respect et la tolérance réciproques.". Le paragraphe 7 de l'article 29 souligne que l'individu a en outre le devoir "De veiller, dans ses relations avec la société, à la préservation, et au renforcement des valeurs culturelles africaines positives, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de concertation et d'une façon générale,de contribuer à la promotion de la santé morale de la société.".

L'article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme déclare que "L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou réligieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.". L'article 27 affirme que "Toute personne a droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.".

L'article 3 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels stipule que "Les états parties au présent Pacte s'engagent à assurer le droit égal qu'ont l'homme et la femme au bénéfice de tous les droits économiques, sociaux et culturels qui sont énumérés dans le présent pacte.". L'article 6 souligne que "Les mesures que chacun des Etats parties au présent Pacte prendra en vue d'assurer le plein exercice de ce droit doivent inclure l'orientation et la formation techniques et professionnelles, l'élaboration de programmes, de politiques et de techniques propres à assurer un développement économique, social et culturel constant et un plein emploi productif dans des conditions qui sauvegardent aux individus la jouissance des libertés politiques et économiques fondamentales.". Le premier paragraphe de l'article 15 précise que "Les états parties au présent Pacte reconnaissent à chacun le droit: a) De participer à la vie culturelle; b) De bénéficier du progrès scientifique et de ses applications; c) De bénéficier de la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique littéraire ou artistique dont il est l'auteur.". Le deuxième paragraphe de ce même article stipule que "Les mesures que les Etats parties au présent pacte prendront en vue d'assurer le plein exercice de ce droit devront comprendre celles qui sont nécessaires pour assurer le maintien, le développement et la diffusion de la science et de la culture.".

La Recommandation sur l'éducation pour la compréhension, la compréhension, la coopération et la paix internationales et l'éducation relative aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales(Unesco,1974) apparaät comme l'un des documents les plus pertinents en vue de la réalisation de l'éducation à la tolérance et interculturelle. Dans cette recommandation, il est dit que "Les termes «compréhension», «coopération», et «paix» doivent être considérés comme un tout indivisible fondé sur le principe des relations amicales entre peuples et Etats ayant des systèmes sociaux et politiques différents et sur le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.".

Il ne saurait y avoir d'éducation sans une participation à la vie culturelle de la communauté. L'article 17 de la CaDHP traduit bien cette affirmation: "La promotion et la protection de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la communauté constituent un devoir de l'état dans le cadre de la sauvegarde des droits de l'homme.". L'article 18 complète les dispositions de la 17 en précisant que la famille est la cellule de base et donc la "gardienne de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la communauté". L'Etat doit donc la protéger et l'assister tout en veillant à la lutte contre toute forme de discrimination, notamment à l'égard de la femme et de l'enfant.

Dans l'esprit de ce qui vient d'être décrit, l'application des normes relatives aux droits de l'homme apparaät comme la pierre angulaire d'une éducation fondée sur le respect mutuel. Cette éducation appelle à la tolérance, à l'altérité, à la maätrise de soi dans des situations de conflits, à l'esprit de coopération, c'est-à-dire à la capacité de faire équipe malgré nos différences. Il y a là une occasion de s'élever au-dessus de nos clivages ethniques. Cela peut paraätre ambitieux , certes, mais il s'agit d'abord de le souhaiter pour que cela devienne possible. C'est notamment une question de volonté politique. L'afrique a tout intérêt à promouvoir le respect des diversités interculturelles qui font sa richesse.

Pistes pour un partage de réflexions en atelier
  • Evaluer les pratiques de vos systèmes éducatifs à la lumière des articles y renvoyant dans la CaDHP.
  • Proposer des actions que des enseignants africains et leurs syndicats peuvent initier en vue de défendre et de promouvoir droit à l'éducation, tel qu'affirmé à l'article 17 de la CaDHP.

 

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