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Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix


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Vues d'Afrique n� 1

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Les enfants mendiants: �tude de cas propos� par Saliou Sarr,
professeur � l'�cole normale de Thi�s, S�n�gal

Nombre de pays africains ont ratifi� la Convention relative aux droits de l�enfant et le 16 juin est d�cr�t� "journ�e de l�enfant africain�". Pour sa part, le S�n�gal a adopt� un code de la famille en 1972 et cr�e un minist�re de la Famille, de la Femme et de l�Enfant.

Le pr�sent atelier, consacr� � la situation d�enfants subissant des violations de leurs droits fondamentaux, fait �tat des r�sultats d�une enqu�te r�alis�e par les �tudiantes de l��cole normale de Thi�s. On y pr�sente les Talib�s, ces �l�ves de l��cole coranique�: des enfants litt�ralement abandonn�s par les familles et qui doivent mendier pour survivre et nourrir le ma�tre de l��cole coranique.

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I. Objectifs de l�enqu�te

-Identifier les besoins des Talib�s que l�on rencontre partout dans la ville.

-�laborer la liste de leurs droits et de leurs besoins, � partir de textes fondamentaux�: la Charte des droits l�homme�; la Charte africaine des droits de l�homme et des peuples�; le Code de la famille.

-Organiser des s�ances d�information et de sensibilisation.

- Entreprendre des actions de solidarit� et d�finir un mod�le d�intervention aupr�s du minist�re de la Famille, de la Femme et de l�Enfant.

II. Portrait descriptif

Qui sont ces enfants�?

Tr�s t�t le matin, la bo�te de conserves � la main, les Talib�s (c'est comme cela qu'on les appelle en ville, comme s'ils n'avaient pas de nom propre) errent de maison en maison � la recherche de quelques poign�es de riz ou d'une pi�ce de monnaie. Ensuite ils investissent le centre ville, les lieux de travail, les magasins, les march�s comme des nu�es de sauterelles.

Tr�s jeunes (entre 5 et 15 ans), l'air hagard, maigres, habill�s de guenilles grises de salet�, ils vont pieds nus. � midi et le soir, ils r�dent autour des maisons comme des chiens qui se disputent des restes d'aliments. Ces Talib�s pour la plupart ont quitt� tr�s t�t leurs parents dont ils ne se souviennent plus du nom. Ils proviennent de la r�gion Nord du pays. Parmi eux, il y a des r�fugi�s mauritaniens, des rapatri�s s�n�galais mais aussi des ressortissants de pays limitrophes pouss�s � l'exode par la s�cheresse et l'avanc�e du d�sert. Priv�s d'affection et de protection, les plus jeunes doivent trouver un plus �g� � qui ils versent une pi�ce de monnaie afin de recevoir protection.

Comment vivent-ils�?

Leur emploi du temps fait alterner lecture du Coran et mendicit�, mais en r�alit�, ils passent le plus clair de leur temps � demander l'aum�ne. Ils ne connaissent que quelques versets du Coran qu'ils psalmodient aux portes des maisons. Ils n'ont ni le temps de s'amuser, ni celui de lire le Coran et de faire les 5 pri�res : ces laiss�s pour compte luttent pour leur survie. Dans le "daara" (�cole coranique) o� ils se retrouvent par dizaines tard dans la nuit, ils couchent � m�me le sol dans des baraquements mal a�r�s et tr�s v�tustes. A c�t�, dans la m�me concession, mais dans une case bien plus propre se trouvent le ma�tre et sa famille. Il vit de l'aum�ne de ses Talib�s et se dit investi de la noble mission d'enseigner le Coran aux enfants.

Quand ils n'apportent pas la quantit� de riz exig�e ou la somme fix�e par le ma�tre, ils sont battus et condamn�s � apporter le double le lendemain. Dans les quartiers qu'ils fr�quentent, ils c�toient des enfants aux conditions meilleures, bien habill�s qu'ils regardent avec envie : ils auraient voulu �tre comme eux nous confient-ils. La peur du ma�tre les conduit souvent � commettre de petits larcins : vols de v�tements, de nourriture dans les march�s ou dans les maisons. Certains Talib�s sont des enfants en danger qui consomment de la drogue et s'adonnent au trafic. A deux heures du matin, ils errent encore, fouillant les derni�res poubelles des restaurants, r�dant dans les bars, finissant les bouteilles de bi�re. Ces enfants subissent une r�pression f�roce : rafles, bastonnades, enfermement sans nourriture, violence gratuite, garde � vue � dur�e illimit�e, proc�s � huis clos sans d�fense, etc...

III. De l�abandon au d�racinement

Par rapport � cette situation dramatique, les Talib�s nous confient qu'ils aimeraient �tre consult�s par leurs parents car c'est d�s leur tendre enfance que ceux-ci se d�barrassent d'eux sans qu'ils puissent �mettre un avis. Ils aimeraient �tre mieux trait�s par leur ma�tre, apprendre effectivement le Coran, revoir leurs parents, vivre avec eux, en somme recr�er l'ambiance familiale car la s�paration est mal v�cue par les plus jeunes. Les Talib�s n'ont aucune vie priv�e, aucune propri�t�, tout ce qu'ils ont de pr�cieux, d'utile (v�tements, jouets, argent) est confisqu� par le ma�tre. Parfois les plus �g�s s'insurgent contre l'autorit� du ma�tre et d�sertent le "Daara" pour rejoindre les vrais d�linquants dans la ville.

Le Minist�re de la famille, de la femme et de l'enfant, l'UNICEF et d'autres organisations de d�fense des Droits de l'Homme, de l'enfant luttent pour l'am�lioration des conditions de vie des Talib�s, mais les actions sont modestes, insignifiantes par rapport au nombre de "Daara".

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IV. Une famille aux Talib�

De retour en classe, les normaliennes ont proc�d� � l'exploitation de leurs enqu�tes, puis � une mise en commun de ces r�sultats. Elles ont proc�d� � l'identification des besoins des Talib�s, puis � l'�laboration des Droits des Talib�s. Si l'on compare ce texte avec les instruments internationaux et r�gionaux, les convergences les plus fortes mettent l'accent sur :

- les dispositions relatives � la famille (Art 5 de la Convention des Droits de l'enfant et Art 17 de la Charte africaine);

- le droit � l'�ducation (Art 28 de la Convention et Article 8 de la Charte africaine);

- le droit � la libert� de conscience (Art 14 de la Convention et Art 8 de la Charte africaine);

- la protection de l'enfant handicap� ( Art 23 de la Convention et Art 16 de la Charte africaine).

Sur le terrain, les �tudiantes ont organis� des s�ances d'animation afin de sensibiliser les populations. Elles ont mis en �vidence, � la surprise des adultes, les droits des enfants et les devoirs des parents. Elles ont insist� sur la solidarit� � l'�gard des Talib�s, des enfants comme les autres, en exaltant les valeurs ancestrales de "t�ranga", de l'entraide, de l'amour du prochain. Elles ont lanc� le slogan "Une famille : un Talib�", invitant ainsi chaque famille � subvenir aux besoins d'un Talib�.

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V. Des enfants � conna�tre et � comprendre

Les normaliennes ont men� cette activit� avec beaucoup d'enthousiasme. L'empathie qui s'est d�velopp�e tout au long de l'activit� en est une preuve. Les recherches sur le terrain, l'analyse des r�sultats, la sensibilisation de la population ont �t� des moments tr�s forts de communion entre �l�ves d'une part, mais surtout avec les Talib�s d'autre part. Au niveau de la population, des parents, des ma�tres d'�coles coraniques les droits de l'enfant sont mieux connus et d�j� des actions de solidarit� � l'�gard des Talib�s sont � mentionner.

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� CIFEDHOP 2008