Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix
Retour � la page pr�c�dente�
Retour � la collection perspectives r�gionales
Atelier de r�flexion,
l'application du droit � l'�ducation et des libert�s fondamentales
selon les instruments internationaux de protection des droits de l'Homme
propos� par Gabriel Siakeu, enseignant au Lyc�e d'Ekounou, Cameroun:
I. Cadre de r�f�rence
L'article 17 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples stipule que: 1. Toute personne a droit � l'�ducation. 2. Toute personne peut prendre part librement � la vie culturelle de la communaut�. 3. La promotion et la protection de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la communaut� constituent un devoir de l'�tat dans le cadre de la sauvegarde des droits de l'homme.
La Convention relative aux droits de l'enfant(1989) rejoint et compl�te l'article 17 de la CADHP. Cette convention de l'ONU a �t� ratifi�e par le Cameroun le 11 janvier1993. Les articles de cette convention concernent tous les domaines possibles dans lesquels les droits de l'enfant devraient �tre prot�g�s.
Ces droits peuvent �tre regroup�s de la mani�re suivante: a) les droits �de base� qui comprennent les droits � un nom, � une nationalit�, � une famille; b) les droits � la protection contre l'exploitation et les abus comprenant les droits � la protection contre le travail forc�, l'exploitation sexuelle, la vente et � l'enl�vement, la guerre et la drogue; c) les droits � la protection sociale pour les enfants en situation particuli�re comprenant les droits des enfants handicap�s, r�fugi�s, issus d'une minorit� ethnique ou d'une population autochtone ou habitant une r�gion d�favoris�e; d) les droits qui garantissent l'�panouissement que sont les droits � l'�ducation, aux loisirs, � la sant�, � la s�curit� sociale, � un niveau de vie respectable, � la dignit� humaine, � la protection contre toute s�paration arbitraire du milieu familial; e) les droits aux libert�s fondamentales que sont les droits de s'informer, de penser librement, de s'exprimer, de s'associer, d'avoir une vie priv�e, de choisir sa religion et d'intervenir dans les d�cisions qui les concernent.
Si les chefs d'Etats et de Gouvernements africains ont adopt� et ratifi� la Charte Africaine et la Convention relative aux droits de l'enfant, comment les appliquent-ils sur le terrain? Qu'en est-il du Cameroun en particulier?
Bien qu'ayant ratifi� la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et la Convention relative aux droits de l'enfant, le Cameroun, � l'instar de plusieurs autres �tats africains, rencontre lui aussi des difficult�s dans l'application de ces instruments. Celles-ci se v�rifient aujourd'hui par les r�sultats on ne peut plus catastrophiques que l'on enregistre depuis environ cinq ans aux examens de fin d'ann�e scolaire. Ces r�sultats suivent plut�t une courbe descendante, � mesure que les ann�es passent, comme si rien n'�tait fait pour am�liorer la situation. Le bilan total de r�ussite aux examens, qui ne d�passait pas 30% avant 1990, a chut� � moins de 15 % aujourd'hui.
Cela peut-il �tre autrement lorsque les structures scolaires sont inadapt�es. A cet �gard, soulignons, premi�rement, que les effectifs sont pl�thoriques. Dans nos lyc�es, on ne trouve pas de classes de moins de quatre-vingts(80) �l�ves. Dans certains �tablissements, le nombre grimpe parfois jusqu'� 150, comme c'est le cas surtout dans les grands centres urbains de Yaound� et de Douala.
La d�motivation des enseignants doit �tre �galement prise en compte. Au motif de la crise �conomique, les autorit�s camerounaises ont entrepris de baisser les salaires de 70%. Ceux-ci sont pass�s de 100.000 francs CFA -pour un fonctionnaire moyen- � environ 30.000. La d�valuation r�cente du francs CFA a pratiquement r�duit � n�ant ce salaire. Du coup, le rendement professionnel est significativement affect�.
L'inadaptation des infrastructures scolaire emp�che les �coliers et �l�ves de prot�ger leurs droits les plus fondamentaux. En effet, plusieurs �tablissements scolaires ne sont pas �quip�s d'infirmerie pourtant pr�vue par la loi. Lorsqu'il en existe une, il arrive tr�s souvent qu'il n'y ait ni �quipements, ni personnels form�s capables de prodiguer les premiers soins. Par ailleurs, plusieurs �tablissements n'ont pas de terrain pour pratiquer les sports.
S'agissant des libert�s fondamentales, la censure des journaux est toujours en vigueur et, dans les �coles, les journaux scolaires n'existent pas, faute de moyens financiers. Lorsqu'ils existent, les informations qu'ils donnent sont limit�es � l'actualit� locale, exclusivement apolitique. A l'article 15 de la Convention relative aux droits de l'enfant, les �tats parties reconnaissent les droits de l'enfant � la libert� d'association et � la libert� de r�union pacifique. Dans les �tablissements scolaires du Cameroun, bien qu'autoris�es par la Loi No 90/053 du 19 d�cembre 1990 portant sur la libert� d'association, les associations d'�l�ves sont rares, � d�faut d'�tre essentiellement tribales ou familiales. L'existence des clubs scolaires(clubs Unesco, clubs scientifiques, etc.) a �t� encourag�e autour des ann�e 1977. Depuis bient�t 5 ans, ces clubs, pourtant b�n�fiques pour les �l�ves, se meurent.
Les probl�mes �voqu�s ont des causes et il faut les d�tecter. De l�, nous devons envisager des solutions, trouver des strat�gies de lutte contre la d�gradation de l'�cole au Cameroun et en Afrique.
II. Objectifs de l'atelier
Commenter la situation actuelle relative au respect du droit � l'�ducation et des libert�s fondamentales dans divers syst�mes �ducatifs.
Utiliser une grille pour d�finir les aspects suivants : contraintes, causes, solutions, strat�gies, recommandations, r�le des ONG, r�le des pouvoirs publics.
Apprendre � travailler un groupe pour faire �merger les probl�mes connus et esquisser les solutions et moyens � l'aide de l'exp�rience, de la r�flexion et de la cr�ativit� de chacun.
Mots-cl�s: droits qui garantissent l'�panouissement de la personne: i) droit � l'�ducation; ii) droit aux loisirs; iii) droit � la sant�; iiii) droit � la s�curit� sociale. Libert�s fondamentales: i) libert� de s'informer; ii) libert� de penser; iii) libert� de s'exprimer; iiii) libert� de s'associer.
P�nurie d'enseignants; nomadisme; s�lection des �l�ves � l'entr�e; faible taux de fr�quentation scolaire des filles et des enfants de milieux ruraux; sous-information des populations rurales; taux �lev� d'analphab�tisme; surpopulation des classes; absence de couverture sociale; conflits culturels; baisse de niveau.
Crises �conomiques et financi�res, poids de la dette publique; d�sengagement de l'�tat; r�duction des investissements en �ducation; indigences des parents; infrastructures et �quipements d�ficients; mariages pr�coces; inadaptation des syst�mes �ducatifs; d�mographie galopante.
Investissements en �ducation; meilleur recrutement du corps professoral; formation continue des enseignants; d�mocratisation de l'�cole; promotion de l'�ducation des filles; cr�ation d'�coles pour les nomades et pour le milieu rural; alphab�tisation populaire; cr�ation de centres d'alphab�tisation des adultes, de centres de sant� et de loisirs; campagnes de vaccinations et de d�pistage des maladies ainsi que des visites m�dicales p�riodiques; aide aux enfants abandonn�s.
Informer la population des finalit�s des syst�mes �ducatifs; concevoir des programmes adapt�s aux r�alit�s nationales et r�gionales; accorder des bourses et des allocations aux filles; faciliter aux femmes l'acc�s aux postes de responsabilit�s politiques; participation financi�re des �lites locales � la cr�ation des �coles rurales; susciter le partenariat avec les ONG; utiliser les m�dias en langues vernaculaires.
VII. Propositions de recommandations
S'agissant de l'Etat: augmenter le financement de l'�ducation; d�centraliser les structures �ducatives; assurer une meilleure formation des formateurs; sensibiliser la population; mettre � contribution les �lites locales.
S'agissant des pouvoirs publics: respect inconditionnel du devoir constitutionnel et des instruments internationaux des droits de l'homme; �quipement des �coles en mise en place de structures ad�quates et suffisantes; encourager et soutenir la participation active des parents � l'�ducation de leurs enfants.
S'agissant des ONG: assurer une plus grande implication dans l'�ducation, la formation et la sant�; contribuer activement � la promotion et � la formation des formateurs � l'enseignement des droits de l'homme; participer � l'�valuation de l'�ducation et � l'acquisition de mat�riels.
� CIFEDHOP 2008