Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix
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Synth�se des travaux: pour une p�dagogie de la coop�ration
Par Yao Adjossou Abotsi�
Les attitudes et les comportements du personnel
Coop�rer pour mieux vivre ensemble
Au cours de cette session, nous avons tous r�fl�chi aux conditions � r�unir ainsi qu'aux moyens � d�velopper en vue de former des citoyens connaissant leurs droits, leurs devoirs et qui, appliquant ces notions � leur vie de tous les jours, puissent adopter des attitudes et des comportements g�n�rateurs de paix. C'est dans cet esprit que les tables rondes et les ateliers propos�s se sont inscrits dans une d�marche participative o� l'apprenant est mis en situation de recherche, puis de coop�ration.
La p�dagogie de la coop�ration favorise une d�marche d'apprentissage appuy�e sur l'entraide entre �l�ves sous la supervision de l'enseignant. Cette approche invite � une mise en commun des comp�tences en vue d'atteindre un objectif commun tout en cultivant la solidarit� entre pairs.
La p�dagogie de la coop�ration est un des moyens par excellence pour faire participer l'ensemble des �l�ves � leur formation; il s'agit l� d'un d�fi constant dans les classes aux effectifs nombreux. Cette p�dagogie stimule l'int�r�t des �l�ves et favorise la libre expression des id�es. En cela, elle r�pond d'embl�e � l'importance du droit � la libert� d'opinion et d'expression, tel que formul� dans la D�claration universelles des droits de l'homme et dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Par la coop�ration, l'�l�ve apprend � �couter, � respecter l'autre et � faire preuve de tol�rance car bien des conflits naissent de l'intol�rance. Ce faisant, l'apprenant est amen�, dans l'esprit des droits de l'Homme, � pratiquer les valeurs de solidarit�, de tol�rance et de respect d'autrui.
Mise en place d'un dispositif
Le partage des objectifs d'apprentissage. Ceux-ci ne doivent pas �tre occult�s et gard�s en secret mais communiqu�s et expliqu�s aux �l�ves pour servir de motivation.
La gestion de l'espace et du temps: les �l�ves pourront �tre dispos�s en cercle ou en demi-cercle de mani�re � faciliter les �changes et, partant, la coop�ration. Lorsqu'aux prises avec des effectifs pl�thoriques o� les bancs touchent les quatre murs de la classe, les enseignants feront preuve d'ing�niosit� et de cr�ativit� et, si possible, ils organiseront des activit�s hors des salles de classes. Le temps approximatif requis pour les apprentissages sera bien expliqu� aux �l�ves.
Les pr�sentations: elles constituent un �l�ment socio-p�dagogique important pour favoriser la connaissance et la compr�hension mutuelles. On veillera � ce que chaque �l�ve ait l'occasion de se pr�senter en respectant sa personnalit� et son originalit�.
La clart� des consignes: l'enseignant usera de formulations accessibles � la compr�hension des �l�ves et s'assurera qu'elles sont bien comprises en ayant recours � des moyens de contr�le respectueux de tous.
Les styles d'enseignement
L'enseignement formel. Il s'agit d'un enseignement direct de la notion en question qui est pr�vue dans le programme d'�ducation civique et morale. Exemple: La D�claration universelle des droits de l'homme. Pour cette approche, il est pr�vu une heure de cours par semaine, du moins pour ce qui concerne le Togo et le B�nin. Le cours magistral est une m�thode efficace pour la transmission de concepts et d'information. N�anmoins, le cours magistral peut �tre ennuyeux et rendre les �l�ves craintifs et d�pendants.
La le�on occasionnelle. Par cette approche, il est question de tirer parti d'un �v�nement ou d'un fait d'actualit� pour parler de la notion pr�vue au programme. Prenons, par exemple, un article de journal qui fait �tat de l'abandon d'un b�b�; l'enseignant peut en profiter pour parler rapidement du droit � la vie, conform�ment aux dispositions des articles 3 de la DUDH et 6 de la Convention relative aux droits de l'enfant. Un autre exemple: supposons que deux �l�ves en classe ou en r�cr�ation en viennent aux coups. Il va de soi qu'en notre qualit� d'�ducateur et de militant des droits de l'homme, nous devons intervenir pour rappeler aux �l�ves fautifs et � l'ensemble de la classe les concepts de tol�rance, d'acceptation de l'autre et de r�glement pacifique des conflits. Supposons encore que durant l'appel ou le contr�le de pr�sence, des absents pour raison de maladie soient signal�s ; � ce sujet, une rapide le�on de solidarit� peut �tre enseign�e en demandant aux �l�ves, dont le domicile est proche du lieu de r�sidence de ces malades, de leur rendre visite au nom de la classe et de leur pr�ter ensuite leurs cahiers de le�ons et d'exercices pour qu'ils puissent se mettre � jour, ceci non seulement parce que chacun peut �galement tomber malade et avoir besoin de l'assistance des autres, mais surtout parce qu'il est important de faire du bien � autrui.
L'enseignement int�gr�. Cette approche consiste � profiter du th�me d'une le�on sp�cifique (histoire-g�ographie, sciences, anglais, fran�ais, etc.) pour ouvrir une parenth�se sur la notion � faire acqu�rir. C'est donc depuis la pr�paration de sa le�on que l'enseignant rep�re le ou les notions de droits de l'homme qui s'apparentent au th�me de cette discipline sp�cifique, afin de l'int�grer habilement � la s�quence d'enseignement. Par exemple, en fran�ais, bien des textes en lecture expliqu�e peuvent donner lieu � une telle opportunit�. En histoire le cours sur la Deuxi�me Guerre Mondiale peut, � partir des atrocit�s commises dans les camps de concentration, faire saisir ce que sont les �traitements cruels, inhumains ou d�gradants� que r�prouve l'article 5 de la D�claration universelle des droits de l'homme.
Les techniques p�dagogiques
Les recettes passe-partout ne sauraient exister dans l'enseignement de concepts o� l'on doit tenir compte du milieu, de l'�ge des apprenants et de leurs r�actions parfois impr�visibles. Il est m�me conseill� de demander aux �l�ve eux-m�mes la m�thode � suivre face � tel ou tel probl�me qui se pose et que l'on veut r�gler comme, par exemple, la question du vol et de la violences dans la classe. Le recours aux d�bats facilite �galement la prise de parole, tel deux camps qui d�fendent des opinions oppos�es. Le Conseil de coop�ration, quant � lui, permet de r�soudre bien des probl�mes dans la classe, en d�but et en fin du trimestre, en particulier. Un climat de confiance et de d�mocratie est n�cessaire pour obtenir de bons r�sultats. On retiendra �galement les �tudes de cas, des coupures de presse, films et diapositives, les croquis, le photo-langage, dessins d'expression relatifs aux droits de l'homme, les jeux de r�le, les sketches et les simulations car ils pr�sentent tous l'avantage d'�tre illustratifs de situations diverses que les �l�ves seront amen�s � �tudier et � commenter.
Visites et enqu�tes. Pour un enseignement efficace des droits de l'homme, chaque fois qu'il est possible, les r�alit�s du milieu devraient �tre mises � profit par des enqu�tes et des visites guid�es. En cela, la visite du Ouidah incluant la Route des Esclaves est un moyen de conscientisation � privil�gier. Rappelons, � cet �gard, que l'article 4 de la D�claration universelle des droits de l'homme stipule que �Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes�. Par ailleurs, l'article premier de la m�me D�claration mentionne que �les �tres humains naissent libres et �gaux en dignit� et en droits. Ils sont dou�s de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternit�.�
D'autre part, la visite de la For�t sacr�e et du Temple du Python, � Ouidah, permet de mieux mesurer la port�e de l'article 18 de la D�claration universelle des droits de l'homme relatif � la libert� de pens�e, de conscience et de religion. Le fait d'observer des adeptes de l'animisme sur les lieux du culte parler de l'objet de leur foi avec tant de s�rieux et de conviction suffit pour faire na�tre chez le chr�tien et le musulman, par exemple, la tol�rance et le respect de l'autre en mati�re de religion. Les conceptions m�taphysiques sont du domaine exclusif de l'appr�ciation individuelle des croyants eux-m�mes.
Il est donc essentiel d'aller toucher du doigt les r�alit�s du milieu pour faciliter la participation des �l�ves et insuffler chez eux un changement de comportement et d'attitude. L'article 24 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples rappelle que �Tous les peuples ont droit � un environnement satisfaisant et global, propice � leur d�veloppement�. Afin de mieux �duquer nos �l�ves � un changement d'attitude et de comportement en ce qui concerne la protection et la sauvegarde de l'environnement, il conviendra d'organiser une visite ou de r�aliser une enqu�te sur le d�p�t des ordures dans leur quartier, ne serait-ce que pour cr�er le r�flexe d'utiliser les poubelles de l'�cole, au lieu de jeter tout par terre comme on peut le constater si souvent.
Au demeurant, visites et enqu�tes pr�sentent plusieurs avantages. Par l'observation, les �l�ves retiennent mieux les r�sultats auxquels ils sont parvenus parce que c'est le fruit de leur propres efforts; en communiquant les r�sultats � leurs pairs, ils apprennent aussi � s'exprimer pour soutenir de vive voix leur point de vue tout en apprenant � �couter autrui. C'est l� une formation qui p�n�tre l'apprenant et le transforme alors que l'information transmise par l'enseignant seul est souvent d�nu�e d'int�r�t pour l'�l�ve et donc vite oubli�e.
L'�valuation
Les moyens d'�valuation seront expliqu�s aux �l�ves et d�termin�s � partir des objectifs de travail que la classe se sera donn�s. En dehors des tests de connaissances pour �valuer l'appropriation de certaines notions-cl�s, il doit �tre souvent fait recours � l'�valuation formative. Dans ce type d'�valuation il n'est pas n�cessaire que des copies soient ramass�es en vue d'�tre not�es, surtout si l'on veut appr�cier l'atteinte des objectifs aux plans socio-affectif et psychomoteur. Or, ces aspects du d�veloppement ne se traduisent pas toujours par un comportement observable dans l'imm�diat. Cependant, cette approche permet � l'�l�ve de s'auto-�valuer et, partant, de prendre en quelque sorte la �mesure� de son changement d'attitude et de comportement.
Les attitudes et les comportements du personnel
�Ce qui ne vient pas du coeur ne vas pas au coeur�, dit-on souvent. Il est important que l'enseignant adh�re lui-m�me aux valeurs de la p�dagogie de la coop�ration. Il est facile parfois d'enseigner la libert� tout en affichant des comportements autoritaires. Mais on ne peut faire acc�der � la justice en maintenant des in�galit�s de traitement dans la classe.
Le Chef d'�tablissement doit veiller � ce que toute l'�cole participe aux id�aux d�mocratiques. Le r�glement scolaire, par exemple, ne saurait �tre con�u et r�dig� par lui seul et impos� � tous, mais �tre l'�manation de tous les partenaires de l'�tablissement: d�l�gu�s des �l�ves, des parents, des enseignants et du personnel administratif. Ce r�glement doit aussi veiller � assurer les meilleures conditions sanitaires possibles ainsi qu'un am�nagement paysager propre � stimuler l'int�r�t et le sentiment d'appartenance.
Yao A. Z. Abotsi est Inspecteur de l'�ducation � Lom�, Togo et Pr�sident de l'�IP-Togo.
� CIFEDHOP 2008