Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix


Retour à la page précédente 

Vues d'Afrique n° 2

Retour à la collection perspectives régionales

La place des filles à l'école: quelques observations

Par Henriette-Angèle Ngo Bissoy
 

Ne dit-on pas qu' «Éduquer une fille, c'est éduquer une nation»? L'affirmation ne semble pas être entendue en Afrique. En fait, 70% des femmes de ce continent sont analphabètes. Même si les causes de ce problème sont bien connues de tout le monde, les solutions se font attendre.

Pourtant, au Cameroun, des données relatives à l'accès des filles à l'éducation formelle laisse croire que celles-ci possèdent des chances égales aux garçons d'entrer à l'école. En effet, pour les 6 à 14 ans, le taux de fréquentation scolaire des filles est supérieur à 70%.

Mais ces données ne disposent pas de nombreuses disparités régionales. Dans les grandes villes, on constate qu'au fur et à mesure que le niveau des études avance, le taux des filles diminue. Ce phénomène est attribuable soit aux grossesses précoces soit à la pauvreté de certains parents qui préfèrent, dans ce cas, privilégier les garçons. Par ailleurs, lorsqu'elles sont maintenues à l'école, les filles affichent souvent de meilleurs résultats que les garçons. La persévérance scolaire des filles porte fruit.

Dans les villages et dans certaines villes reculées de l'Est et du Nord du pays, la présence des filles à l'école ne semble pas encouragée; ces régions présentent des taux les plus bas de réussite scolaire des filles. Celles-ci sont régulièrement astreintes à des tâches ménagères quotidiennes (lessive, ramassage du bois, préparation des repas de la famille) à activités champêtres ainsi qu'à la participation à d'autres responsabilités familiales telles l'hospitalisation d'un parent ou l'accouchement de la mère. À ces obligations imposées s'ajoutent également l'abandon des études pour cause de mariage ou de grossesse précoce, voire même d'enlèvement dans certaines régions, du moins dans les salles de classe du secondaire, on peut observer que les filles fréquentent en nombre les séries littéraire (A) et commerciale (B et G1). Peu de filles optent pour des études scientifiques et technologiques. Pourtant, ces secteurs offrent de bons débouchés sur le marché de l'emploi.

Pour encourager la persévérance des filles et leur faciliter l'accès aux études scientifiques, il conviendrait de mettre sur pied un régime de bourses d'études qui leur seraient destinées. Parallèlement à cette mesure, il importe tout autant de lutter contre la discrimination sexuelle dont les filles sont l'objet. Il conviendrait ainsi de les soustraire à des travaux domestiques exigeants durant la période scolaire et promouvoir, enfin, une éducation sexuelle effective dans les écoles afin de sensibiliser filles et garçons aux conséquences des grossesses précoces et aux relations harmonieuses entre les sexes.

Henriette Ngo-Bissoy enseigne les sciences naturelles au Lycée d'Ekounou, Cameroun et membre de l'EIP-Cameroun.

  

© CIFEDHOP 2008