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Discrimination de la culture Mapuche dans le syst�me �ducatif chilien :
beaucoup � dire et beaucoup � faire
par Abraham Magendzo, en collaboration avec Claudia Due�as et Francisco Vergara
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I. Contexte
Depuis la pacification de l�Araucanie, �v�nement qui signa l�int�gration des Mapuches � l��tat chilien, ce peuple est confront� � une lutte permanente pour assurer sa survie et celle de sa culture. H�las, cet effort se heurte � de nombreux obstacles.
Pour les Mapuches, la pacification repr�senta un profond traumatisme: l�irruption d�une autre culture revendiquant une mission �civilisatrice� face � la pr�tendue �barbarie� de leurs propres traditions. Ce trait caract�ristique de l�approche des conqu�rants espagnols, puis de l��tat chilien, vis-�-vis du peuple mapuche s�est perp�tu�e de diverses mani�res jusqu�� nos jours, tant dans les politiques le concernant que dans les relations individuelles et quotidiennes entre les Mapuches et les non-Mapuches (Huincas). De fait, ces derniers restent dans l�ensemble convaincus qu�il leur appartient de tirer les membres de l�ethnie mapuche d�une condition �inf�rieure� et de les faire acc�der au stade de d�veloppement �sup�rieur� associ� � la culture dominante. Pour les Mapuches, cet objectif implique le renoncement � leur langue, � leurs traditions, � leurs structures sociales et � leur repr�sentation du monde.
II. Discrimination de l�ethnie mapuche dans la soci�t� chilienne
L�organisation des Nations Unies a d�fini la discrimination comme "la distinction, exclusion, restriction ou pr�f�rence ayant pour but ou pour effet d�annuler ou de limiter la reconnaissance, la jouissance ou l�exercice des droits de l�homme" (ONU, 1965). Si l�on s�en tient � cette d�finition, la discrimination ne consiste pas simplement en un traitement diff�rent, mais se caract�rise par la volont� d�lib�r�e de diminuer ou d�annihiler �l�autre� en le privant de la jouissance et de l�exercice de ses droits, au nombre desquels figure le droit � la culture. De ce fait, la r�flexion sur la discrimination nous conduit rapidement � m�diter sur la notion de diff�rence et de diversit�, et � conclure que la qu�te de l��galit� ne saurait impliquer une homog�n�isation des diverses cultures existantes, mais qu�elle suppose, au contraire, la reconnaissance de leurs m�rites individuels et de leurs l�gitimit�s respectives.
Or, la soci�t� chilienne s�est montr�e historiquement incapable de reconna�tre la culture mapuche dans toute sa diversit� et sa richesse, s��vertuant � l�inverse � �laborer � son sujet tout un �ventail de st�r�otypes qui, tant�t id�alisateurs tant�t d�valorisants, ont contribu� au cours du temps � creuser le foss� en �touffant la sp�cificit� des Mapuches et en occultant leur contribution au d�veloppement du pays. Pour Mil�n Stuchlik, la repr�sentation courante de ce peuple n�est qu�une construction intellectuelle des Chiliens qui vise, non pas � le d�crire ou � le comprendre, mais � fonder et justifier leur propre attitude � son �gard (Stuchlik, 1974, p. 50). En d�autres termes, la soci�t� chilienne a enferm� les Mapuches dans une s�rie de st�r�otypes qui ont rev�tu une grande importance id�ologique et qui constituent, en m�me temps qu�une source indirecte de discrimination � leur encontre, l�un des principaux obstacles � la construction d�une identit� mapuche en milieu urbain. Le premier des st�r�otypes identifi� par cet auteur remonte � l��poque de la conqu�te et de la colonisation espagnoles, o� l�on regardait les indig�nes comme de valeureux guerriers�, mais aussi comme des sauvages et des barbares sans religion. Un deuxi�me st�r�otype appara�t au moment de l�ind�pendance: les valeureux guerriers deviennent alors des �bandits sanguinaires� vivant de rapines et de pillages. La pacification en fait des �indiens veules et ivrognes� et, ult�rieurement, une vision paternaliste d�peint les Mapuches comme des enfants qu�il faut �duquer et civiliser. Enfin, dans les ann�es 60, prend forme une vision que Stuchlik qualifie de �pan-�ducative�: "L�image de l�indien attard�, faible et ignorant subsiste, �crit-il, mais on lui impute d�sormais le d�sir d�apprendre, de changer de vie - en bref, de se �chil�niser�" (idem, p. 47).
� travers ces st�r�otypes, la culture mapuche est mutil�e, puisqu�on n�en reconna�t plus qu�une portion essentielle-ment n�gative au regard de laquelle la culture dominante appara�t comme l�unique salut. Un tel sc�nario exclut toute possibilit� d�int�gration culturelle, n�autorisant que l�assimilation, un processus d�j� largement accompli au sein de cette ethnie �primitive�.
S�agissant de l�exode rural des Mapuches, notamment � destination de Santiago, diverses �tudes confirment qu�il passe par leur assujettissement � la soci�t� et � la culture huincas (occidentales/blanches) et, par voie de cons�quence, par un affaiblissement de leur identit�. De fait, les Mapuches qui migrent vers les villes doivent faire face non seulement � un mode de vie enti�rement nouveau, mais aussi � un environnement fortement raciste et discriminatoire qui les incite � abdiquer leur propre culture dans l�espoir de se fondre plus facilement dans le moule. Ancan (1994, p. 12) note que "la premi�re g�n�ration de Mapuches n�s en ville s�est heurt�e � un tr�s lourd d�fi ethnico-culturel, car il lui a fallu affronter les exigences inconciliables de la tradition et de l�assimilation, au prix d�un dramatique conflit identitaire." En bref, les Mapuches urbanis�s se sont trouv�s contraints d�abandonner leur culture et leur langue pour pouvoir s�int�grer � leur nou-veau milieu.
Comme l�ont �tabli divers anthropologues, la culture mapuche a n�anmoins surv�cu � ces �preuves gr�ce au maintien des croyances et des coutumes dans les villages. C�est cette persistance - ou r�sistance - de la culture et de la soci�t� mapuches jusqu�� nos jours qui a permis de par-ler d�une identit� mapuche traditionnelle, identit� qui tend � �tre occult�e dans les agglom�rations urbaines afin de s�adapter � un environnement hostile. Toutefois, soulignent Cuminao et Moreno (1998:24), "le migrant qui s��tablit en ville ne coupe pas radicalement son lien avec la communaut� rurale d�origine, mais il doit composer avec les n�cessit�s de l�insertion et de l�int�gration dans la soci�t� moderne. L�adaptation � la vie urbaine entra�ne la d�structuration de la culture originelle et son remodelage en fonction du nouveau milieu, en l�occurrence l�espace urbain." De fait, les r�centes �tudes anthropologiques rom-pent avec l�id�e commun�ment admise selon laquelle les Mapuches des villes seraient totalement assimil�s et semblables � n�importe quel autre groupe des quartiers populaires des agglom�rations urbaines. Elles indiquent au contraire que, derri�re le masque de l�int�gration, subsiste une identit� mapuche ou ethnique bien r�elle, quoique tr�s complexe et distincte de celle observ�e dans les commu-naut�s rurales en raison de la restructuration impos�e par l�adaptation � la vie urbaine.
Les conclusions des diff�rentes enqu�tes consacr�es au ph�nom�ne de l�urbanisation des indig�nes ont �t� confort�es par les r�sultats du recensement de 1992, qui a r�v�l� que plus de 44 pour cent des Mapuches �taient alors �tablis dans la r�gion m�tropolitaine. Ces statistiques officielles permettent de mettre en �vidence une r�alit� encore m�connue: aujourd�hui, 6 Mapuches sur 10 vivent dans les villes, pr�s de la moiti� r�sident � Santiago, et seulement 15,49 pour cent demeurent encore dans leur pays d�origine - la r�gion de La Frontera, dont la capitale est Temuco.
Tout ceci nous impose une r�flexion quant � la pr�sence mapuche dans les centres urbains et � l�identit� mapuche dans ce m�me milieu. Cette identit� se fonde sur une m�moire historique et un pass� commun qui assurent la continuit� de la culture mapuche, mais sa transmission en milieu urbain passe par une adaptation et par des proces-sus de r�orientation d�une extr�me complexit� qu�on com-mence seulement � �tudier et vis-�-vis desquels l��cole joue un r�le qu�on ne saurait sous-estimer.
III. �cole, interculturalit� et multiculturalit�
Comme nous l�avons d�j� soulign�, la soci�t� chilienne, en d�pit de sa profonde diversit� culturelle, abrite toujours des comportements tr�s discriminatoires qui semblent se r�percuter dans le syst�me �ducatif. Historiquement, celui-ci a pratiqu� une politique d�uniformisation et d�homog�n�isation, sous les angles tant ethnique que culturel et linguistique, ignorant et occultant ainsi l�existence des peuples indig�nes, leur culture et leur langue, ou les reconnaissant uniquement dans une optique ethnocentriste dominante qui d�valorisait leur apport et les pr�sentait � travers des images st�r�otyp�es � connotation tr�s n�gative (Magendzo, 1978; 1996).
L�enqu�te intitul�e "El conocimiento de los procesos de discriminaci�n en la escuela" a mis en lumi�re les pratiques courantes de discrimination au sein de l�institution scolaire. S�agissant plus sp�cialement de la discrimination eth-nique, elle a r�v�l� que celle-ci intervient aussi bien entre �l�ves que dans la relation ma�tre-�l�ve, et qu�elle rev�t des tournures particuli�res qui la distinguent des autres formes de discrimination identifi�es. Les discriminations li�es � l�aspect physique (ob�ses, laids), � la personnalit� (timides, dissip�s) ou � la performance scolaire (mauvais �l�ves) se fondent sur des caract�ristiques propres � l�individu et touchent � son identit� personnelle; en revanche, la discrimination ethnique, qui vise essentiellement des jeunes d�ori-gine mapuche, fait intervenir une composante culturelle et affecte la construction de l�identit� culturelle, comprise comme "l�identit� sociale focalis�e sur l�appartenance � une culture" (Infante, 1998, p. 5). Dans les �coles visit�es, on constate que l�existence th�orique d�ethnies n�est pas mise en doute, mais que ces derni�res sont envisag�es comme des �l�ments �exotiques� fond�s sur l�image st�r�otyp�e �labor�e par notre soci�t�, ce qui revient � nier la sp�cificit� culturelle des int�ress�s. Parmi les clich�s ou qualificatifs associ�s aux �l�ves d�origine mapuche par leurs camarades figurent les termes �folkloriques�, �faibles et pauvres� ou �stupides�. Quant aux enseignants, ils les per�oivent comme �plus calmes� et avouent parfois ressentir � leur �gard un sentiment de piti�; par ailleurs, bien qu�admettant l�existence au sein de la soci�t� de formes de discrimination � l�encontre des Mapuches, ils consid�rent que l�institution scolaire n�a aucune responsabilit� dans ce ph�nom�ne et que certaines pratiques courantes dont eux-m�mes sont quotidiennement t�moins - comme les moqueries relatives aux patronymes des Mapuches - ne rev�tent aucun caract�re discriminatoire.
Il convient de noter que la discrimination � l��cole ne s�exprime pas seulement sous la forme classique de l�exclusion et du rejet, mais �galement d�une mani�re paradoxalement positive: le paternalisme et l�hypervalorisation de l�indig�ne, non pas du point de vue de la connaissance, mais � travers la mise en relief de certaines vertus associ�es aux Mapuches de l��poque de la Conqu�te. Quoique flatteuse, cette attitude contribue � perp�tuer une image r�ductrice et d�pass�e de cette culture, image � laquelle les jeunes Mapuches d�aujourd�hui peuvent difficilement s�identifier et qui dresse un obstacle difficilement franchissable entre eux et leurs camarades de classe.
Ainsi, non seulement l��cole participe � la discrimination envers les individus issus d�une culture per�ue comme marginale, mais elle occulte les apports de ladite culture � la soci�t� et m�conna�t la diversit� propre � notre �poque, alors m�me que cette diversit� est universellement reconnue comme un �l�ment essentiel du d�veloppement culturel, non seulement de chaque peuple, mais de l�humanit� tout enti�re (Magendzo, 1994).
Tel est bien en effet le sens de l�article I de la D�claration des principes de la coop�ration culturelle internationale adopt�e, en 1966, par les Nations Unies: " Dans leur f�conde vari�t�, dans leur diversit� et par l�influence r�ciproque qu�elles exercent les unes sur les autres, toutes les cultures font par-tie du patrimoine commun de l�humanit�."
La n�gation de cette diversit� et de l�influence r�ciproque des cultures, de m�me que la marginalisation et la d�valorisation de certaines cultures constitutives du patrimoine de l�humanit�, ont eu des cons�quences d�vastatrices pour les peuples aborig�nes. L�instauration d�une �cole mono-culturelle (occidentale) et monolingue (castillan) a entra�n� chez ces derniers un dramatique processus de d�culturation et la perte de leurs langues maternelles ou vernaculaires en m�me temps qu�une profonde crise d�identit�, car elle comportait de facto une d�valorisation de leur propre culture et de leurs langues, assimil�es � une barbarie qui devait �tre d�pass�e. L��cole a donc confort� l�attitude discriminatoire de la culture dominante en adoptant un mod�le �ducatif ethnocentriste et unificateur qui a rendu impossible la d�couverte de �l�autre�, l�acceptation de la diff�rence et la reconnaissance de la diversit� culturelle de notre soci�t�.
Le probl�me essentiel r�side dans le fait que les pratiques discriminatoires subies ou d�crites par certains membres de l�institution scolaire ne sont pas reconnues comme telles. En d�autres termes, on observe au sein de l��cole une discrimination manifeste envers les individus appartenant � des ethnies primitives - notamment les Mapuches - mais ni les �l�ves ni les enseignants n�ont conscience d�y participer.
Que ce soit dans le contenu de l�enseignement ou dans les pratiques �ducatives (le curriculum cach� ), le syst�me scolaire chilien n�int�gre aucune dimension vivante de la culture mapuche, contribuant ainsi de mani�re inconsciente � nier ou � limiter la reconnaissance, la jouissance ou l�exercice des droits fondamentaux des peuples indig�nes: "La culture nous procure un syst�me de connaissances qui nous permet d�entrer en relation avec les autres et d�interpr�ter leurs comportements. C�est en assimilant les normes et r�gles transmises par la famille, l��cole, les institutions religieuses, les pairs et les moyens de communication qu�on s�ins�re dans une culture" (Infante, p. 5). Or, la culture mapuche est absente de l��cole, si ce n�est sous une forme st�r�otyp�e; ni les manuels et autres supports p�dagogiques, ni les m�thodes et moeurs scolaires ne rendent compte de l�univers des jeunes Mapuches urbanis�s d�aujourd�hui. De ce fait, c�est tout un pan de la r�alit� chilienne qui est occult�; l�existence m�me d�hommes et de femmes, d�enfants et d�adolescents appartenant � une ethnie constitutive de notre soci�t� est purement et simplement pass�e sous silence.
Ainsi, le syst�me �ducatif, plut�t que de favoriser la mobilit� sociale et la r�-identification ethnique et culturelle des jeunes Mapuches des villes, contribue � accro�tre leur mis�re et leur isolement, et, en ignorant ou en n�gligeant les �l�ments constitutifs de leur identit�, il fait fi de leur droit � la culture. L��cole peut �tre � la fois un lieu d�assimilation de construction de l�identit� culturelle; pour les jeunes Mapuches, elle s�est r�v�l�e �tre un instrument d�assujettissement � la culture dominante.
Dans le contexte de la renaissance d�mocratique, la soci�t� chilienne s�est trouv�e confront�e au d�fi de devoir r�parer les dommages caus�s par un long pass� de discri-mination envers les peuples primitifs. S�agissant des politiques d��ducation publique, l�EIB (Educaci�n Intercultural Biling�e) a jou� � cet �gard un r�le important, mais son potentiel n�a pas encore �t� pleinement exploit�. Sous sa forme actuelle, elle risque m�me, paradoxalement, d�entretenir la marginalisation des Mapuches urbanis�s, son approche de la culture mapuche �tant principalement ax�e sur le monde rural. De fait, la majorit� des programmes coordonn�s d�EIB touchent les r�gions VIII, IX et X (sud du Chili), les exp�riences dans la capitale demeurant encore isol�es.
Certes, les jeunes d�origine mapuche scolaris�s � Santiago sont des �immigr�s� de deuxi�me, troisi�me ou quatri�me g�n�ration, aussi la langue ne constitue-t-elle pas pour eux un facteur essentiel de la construction de l�identit�, ni pour leurs parents n�ayant pas �t� �duqu�s en mapudungun. N�anmoins, ils continuent de subir une profonde discrimination en raison de leur origine ethnique, tant au sein de la communaut� en g�n�ral que dans le cadre de l��cole. Dans ces conditions, l�EIB, en tant que politique d�int�gration culturelle, s�av�re nettement insuffisante, puisqu�elle ne prend pas en compte la r�alit� des Mapuches en milieu urbain ni la complexe trame de discriminations dans laquelle ils doivent �voluer.
Tout ceci rend tr�s difficile l��laboration de politiques �ducatives ad�quates pour l�int�gration socio-culturelle. � notre avis, il importe avant toute chose de mettre en lumi�re et d�analyser de mani�re approfondie les diverses formes de discrimination et d�oppression qui ont cours au sein de l�institution scolaire. � partir de l�, on pourra d�gager des axes de r�flexion et des propositions qui aideront cette derni�re � prendre conscience de son r�le dans le processus de construction de l�identit� et � mieux comprendre comment les discriminations dont elle fait preuve emp�chent ou entravent ce processus. Alors, et alors seulement, il sera possible de formuler des approches qui permettront � l��cole d�assumer pleinement la diversit� et de promouvoir en son sein une v�ritable multiculturalit�, bas�e sur le respect du droit � la culture de tous ses usagers, quelles que soient leur origine ethnique et leur identit� culturelle.
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� CIFEDHOP 2008