Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix


Retour à la page précédente 

Des jeunes dans la violence ordinaire

par Michel Vuille 

Michel Vuille est sociologue, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève et Service de la recherche en éducation, au Département de l’Instruction publique, Genève.


1 Le Conseil d’Etat a confié, en juin 1998, la tâche d’expertise à un collège de trois membres : J.-P. Boillat, M. Vuille et U. Windisch.


2 Chesnais (1981) souligne un point important : «sous l’angle de la mesure, les conflits de civilités (les chocs de civilités) ne sont pas mesurables au sens de la violence physique». Les statistiques officielles ne prennent en compte que les crimes et délits - marqués précisément par le dépôt d’une plainte et l’entrée dans une procédure policière et pénale.


3 Parmi les chocs de civilités les plus souvent cités à Genève et sur le plan européen, mentionnons la violence verbale, l’insulte, l’impolitesse, la moquerie, l’attitude irrespectueuse, le comportement vaguement inquiétant, le défi à l’autorité, la menace, la provocation, le tag, la mendicité agressive, la bousculade, la bagarre, la brimade, la casse de matériel, la dégradation du cadre bâti, la saleté, l’incendie de poubelles, la petite délinquance, les petits larcins, le gaspillage de nourriture.


4 Galland, O., «Les jeunes et l’exclusion», in : PAUGAM S. (dir.), L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996.


5 Le Breton, D., «Une violence à l’autre», Cultures en Mouvement, N°11, octobre 1998.


6 Et ces chiffres ne tiennent pas compte d’autres catégories de demandeurs d’emplois, comme les personnes au bénéfice du revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) ou celles qui sont en emploi temporaire. Et ils ne disent rien non plus du chômage «exporté» (suppression de plus de 7000 emplois saisonniers, réduction de près de 10% des permis de travail pour frontaliers).


7 La catégorie 25-29 ans est aussi très fortement touchée par le chômage, ce qui tend à confirmer l’existence d’une forme spécifique de chômage chez les jeunes qui n’est pas associée à une perte d’emploi, mais à la recherche d’un premier emploi, et qui les concerne tous, y compris ceux qui font des études longues.

8 Eckmann-Saillant M., Bolzman C., de Rham G., Jeunes sans qualification, Genève, Les Éditions IES, 1994.

9 Galland O., «Les jeunes et l’exclusion» in : Paugam S. (éd.), L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996, pp. 183-192.

10 Röthlisberger P., Les jeunes donnent-ils le ton ou sont-ils des exclus?, Berne, Office fédéral de la statistique, 1997.


11 Quelques indicateurs permettent de rendre compte de cette profonde mutation : l’individualisation ; les nouvelles technologies ; la mondialisation ; la consommation ; la compétition ; les méga-manifestations de rue ; la précarisation et la violence.


12 «Les élèves aiment le lycée parce qu’il leur accorde une liberté «privée» importante… On y choisit ses amis et ses amours, et tout autour du lycée les cafés accueillent… toute une vie hors des regards de l’école et de la famille», p. 77.


13 Malgré la grande diversité de leurs situations sociales, plusieurs signes attestent que les jeunes d’aujourd’hui sont globalement exposés à vivre dans des conditions qui sont objectivement moins favorables que celles qu’ont connues leurs parents.

14 Bévillard, S., «Patience et respect», Cultures en mouvement, N° 11, octobre 1998, p. 12.


15 Valérie Fournier a sans doute fréquenté Les nouvelles tribus urbaines [gothique, hardcore, métal et techno] dont elle parle dans son livre (Chêne-Bourg, Georg, 1999), mais le sous-titre indique qu’elle a voyagé au cœur de quelques formes contemporaines (seulement) de marginalité culturelle. Elle insiste à juste titre sur la récupération systématique des rebellions culturelles juvéniles, mais elle n’a pas du tout analysé leur éclatement sous l’effet de l’individualisme contemporain.


16 Parmi beaucoup d’autres possibles ; elles gardent un caractère exploratoire.


17 On organise désormais des X-Games qui sont paradoxalement les Jeux olympiques du fun. En réalité 9 sports et 28 épreuves pour l’heure sans traduction : par exemple agressive in-line skating, bicycle stunt riding, big-air snowboarding, street luge…


18 Parfois, les noms sont eux-mêmes provocateurs : Public Enemy (USA), Nique Ta Mère ou Yodler Killer.

19 Grand public qui ne perçoit sans doute que le sommet du volcan, à savoir les meilleurs CD d’or ou de platine : Solaar, IAM, Suprême NTM, Alliance Ethnik, Tonton David, Ministère AMER et, en Suisse romande Sens Unik.

20 Si l’expression «J’ai keul sa reus, il m’a castagné» ne vous dit rien du tout, c’est que vous n’êtes pas encore familier de la culture contemporaine des cités.


21 Dubet, F., Lapeyronnie, D., Les quartiers d’exil, Paris, Seuil, 1992.

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

«Violence : état des lieux», Sciences Humaines, n° 89, décembre 1998.
Allemand, S., «Entretien avec S. Roché», Sciences Humaines, n° 89, décembre 1998.
Baudry, P., Le corps extrême. Approche sociologique des conduites à risque, Paris, L'Harmattan, 1991.
Bévillard, S., Comprendre les jeunes. Ruptures et émergence d’une nouvelle culture, Lyon, Chronique Sociale, 1998.
Boltanski, L., Chiapello, E., Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.
Castel, R., Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995.
Charlot, B., Emin, J.-C. (éd.), Violences à l’école. Etat des savoirs, Paris, A. Colin, 1997.
Chesnais, J.-C., Histoire de la violence, Paris, Laffont, 1981.
Commission fédérale pour la jeunesse, Les jeunes cogneurs ou souffre-douleurs?, Berne, CFJ, 1998.
Debarbieux, E., «La violence en milieu scolaire». 2 – «Le désordre des choses», Paris, ESF éditeur, 1999.
Debarbieux, E., Montoya, Y., «La violence à l’école en France : 30 ans de construction sociale de l’objet (1967-1997)», Revue française de pédagogie, n° 123, 1998.
Dubet, F., La galère, jeunes en survie, Paris, Fayard, 1987.
Dubet, F., Les lycéens, Paris, Seuil, 1991.
Ehrenberg, A., L’Individu incertain, Paris, Calmann-Lévy, 1995.
Elias, N., La civilisation des mœurs, Paris, Fayard, coll. Agora, 1973 (1ère éd. 1939).
Galland, O., «Les jeunes et l’exclusion», in : Paugam, S. (dir.), L’exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996.
Le Breton, D., «Une violence à l’autre», Cultures en Mouvement, N° 11, octobre 1998.
Le Breton, D., Passions du risque, Paris, Métailié, 1991.
Lepoutre, D., «La haine : une construction sociale», Cultures en mouvement, n° 11, octobre 1998.
Loret, A., Génération glisse. Dans l'eau, l'air, la neige... la révolution du sport des «années fun», autrement, nos 155-156, avril 1995, série Mutations.
Michaud, Y., «La violence, une question de normes», Sciences Humaines, N° 89, décembre 1998.
Michaud , Y., La violence, Paris, PUF, 1986.
Olweus, D., Violences entre élèves, harcèlements et brutalités, Paris, ESF éditeur, 1999.
Roche, S., Sociologie politique de l’insécurité. Violences urbaines, inégalités et globalisation, Paris, PUF, 1998.
Rojzman, C., «La violence urbaine? On peut construire avec», Le Temps Stratégique, n° 85, 1999.
Vuille, M., Gros, D., Violence ordinaire, Genève, SRED, 1999.
Wieviorka, Michel, Violence en France, Paris, Seuil, 1999.

 

 

 

© CIFEDHOP 2009